"La suppression de la propriété privée... suppose, enfin, un processus universel d’appropriation qui repose nécessairement sur l’union universelle du prolétariat : elle suppose « une union obligatoirement universelle à son tour, de par le caractère du prolétariat lui-même » et une « révolution qui (...) développera le caractère universel du prolétariat ».
Marx (L'idéologie allemande)

«Devant le déchaînement du mal, les hommes, ne sachant que devenir,
cessèrent de respecter la loi divine ou humaine. »

Thucydide

dimanche 7 avril 2024

CRIMMMIGRATION ISLAMOFOLIE ET VIOLENCES


« Eh que sais-tu, cher Théodore, si, au lieu d’un étranger, ce n’est pas un dieu que tu nous amènes? » Socrate

« Des quartiers sont sous le joug communautariste. C'est notre réalité. Et ils donnent un permis d’agresser les filles qui se distinguent, qui ne versent pas dans la religiosité ostentatoire et militante. L'école ne protège pas. Comment éclairer les jeunes qui ne connaissent que la loi du quartier et de la mosquée ? »

Fatiha Boudjahlat (enseignante essayiste)



Dans l'Antiquité grecque l'étranger débarquant suscite les mêmes inquiétudes, parfois fondées, souvent fantasmatiques comme aujourd'hui : il vient d'ailleurs, mais d'où, ne va-t-il pas se servir de sa dague ? Quoique... attention car ce peut être une sommité bien connue qui serait notre père à tous et l'incarnation céleste de l'empathie humaine :

« Il n’est pas bien d’outrager un infortuné voyageur, qui est peut-être une divinité du ciel ; car souvent les dieux par qui tout s’accomplit, semblables à des hôtes de pays lointains, parcourent les villes afin de connaître la violence ou la justice des hommes » Homère (L'Odyssée)

Dans la tablée grecque une chaise est toujours vide, elle est toujours réservée à l'arrivée éventuelle de l'étranger, pas comme étranger mais parce qu'il peut être dieu lui-même. L'étranger n'est pas imaginé donc comme un simple convive mais comme facteur de culpabilité. On ne doit pas refuser de l'accepter sinon c'est une offense à dieu. Mais il n'y a qu'une chaise. A notre époque ce sont de très nombreuses chaises vides qu'il faudrait disposer dans la maisonnée.

Les inventeurs du terme crimmigration, grands universitaires américains, ne connaissent ni la philosophie grecque ni Marx . Le terme est d'ailleurs inconnu en France ou simplement utilisé dans une résolution européenne1. Il signifie que l'immigration est systématiquement le bouc-émissaire de toutes les violences de la société, d'ailleurs aussi bien dans les pays africains qu'européens ; il est réducteur, à la mode islamo-gauchiste de qualifier cette peur de l'étranger de racisme. La ficelle est grosse de la part de la bourgeoisie intellectuelle et de ses bobos militants, ils partent de l'idée simple : l'immigration n'est pas un problème. Donc celui qui s'interroge, s'inquiète, veut comprendre, cherche des solutions, est forcément un raciste.

Or l'anti-raciste islamophile révèle ainsi sa mauvaise foi, ou plutôt sa malhonnêteté. Bien sûr que l'immigration moderne devenue massive est un problème qu'on ne peut résoudre en proclamant : ce n'est pas un problème ou il n'y a pas de problème. Méthode, si on peut dire, d'empêcher de penser et de faire croire que penser dépend d'une morale politique, plus psychologique d'ailleurs que politique, dont le fleuron serait l'expression des études poussées d'intellectuels chercheurs de haut niveau et de l'agitation nerveuse de la piétaille militante de l'extrême mariage de l'infantilisme et de la bêtise figurée amplement par le NPA, et son concurrent « cocotte minute permanente » avec son chefaillon bouffon Connasse Kazib..

L'idéologie antiraciste américaine et ses « studies » biaisées sur la crimmigration

Des recherches et statistiques poussées peuvent à masquer le fond des problèmes ou surtout à interdire de penser différemment d'une conclusion qui était déjà affirmation au départ. Le corsetage de la pensée est immédiatement posé par la formule « vous n'aurez pas ma haine », comme si la haine n'était pas la préhension possible de tout bord racial ou politique. Les deux garde-fous de la pensée « islamopholle » sont : ne pas généraliser et ne pas essentialiser.

Généraliser est certes, usité à tout propos, un simplisme propagandiste qui disqualifie d'ailleurs tous nos antiracistes professionnels et divers islamophiles généralisateurs patentés : quiconque est en désaccord avec leur morale est un raciste et un facho. Essentialiser, ils connaissent aussi par l'injure et la menace.

Pour toute personne réfléchie et indépendante d'esprit, non cornaquée par un parti bovin ou une secte ésotérique, le sujet de l'immigration sert de bouc-émissaire depuis plus d'un siècle aux gouvernants de tout bord, même de couleur ; Obama est le président américain qui a officialisé au plus grand nombre d'expulsions. Et voici ce qu'affirme le site ACADEMIA qui officie à des centaines d'articles pro-immigration les yeux fermés...depuis la période coloniale. Eurêka tout s'explique par le racisme !

 « Historiquement aux États-Unis, les périodes d’immigration à grande échelle ont été accompagnées par les perceptions de la menace et les stéréotypes de la criminalité redoutée des immigrants. Il y a un siècle les commissions ont enquêté sur le lien entre l’immigration et la criminalité; chacune a constaté des niveaux inférieurs de l’implication criminelle des personnes nées à l’étranger. La période actuelle fait écho à ce passé. Depuis un quart de siècle, des alarmes ont été soulevées sur l’immigration à grande échelle, et en particulier sur les immigrants sans papiers d’Amérique latine. Mais au cours de la même période, les taux de criminalité contre les biens ont été réduits de moitié; la baisse de la criminalité a été plus prononcée dans les villes avec une plus grande proportion d’immigrants; et les jeunes hommes nés à l’étranger sont beaucoup moins susceptibles d’être détenus que des Autochtones. Les éléments de preuve démontrant des niveaux moins élevés de criminalité parmi les immigrants est soutenu par un nombre croissant d’études contemporaines. Dans le même temps la période a été marquée par la criminalisation de l’immigration elle-même, et par la confluence de l’immigration et le droit pénal et les appareils d’application de la loi. Une série d’événements critiques ont réussi par des paniques morales ont influencé l’adoption de lois hyper-restrictives et des ressources institutionnelles qui ont permis de construire la « crimmigration »2

C'est le résumé de ce qui est martelé sans arrêt jusqu'à plus soif. Vous pouvez lire des centaines de pages consacrées à cette pro-immigration vertueuse et sans tâche ; conclusion : la moindre critique de l'immigration est un crime et une courbette face aux puissants. Nombre de leurs analyses sur les barrières successives mises par l'Etat américain (pudiquement nommé L'Administration fédérale) montrent et rappellent le cynisme de la bourgeoisie américaine et les diverses honteuses manières dont elle a usé et use pour refouler ces masses de populations qui viennent surtout d'Amérique du Sud, fuyant comme nos africains la misère, la guerre et les cartels criminels de la drogue. Cela tout le monde en convient, même le pire raciste ou l'électeur fan du puceau Bardella.

Mais est-ce que démontrer par des chiffres statistiques que la criminalité immigrée est bien moindre que l'autochtone élimine celle qui est principalement incriminée? Oui arguent nos professeurs émérites puisque les causes sociales classiques sont invitées au parloir : inégalités sociales, pauvreté, isolement, animosités raciales, etc. La victimisation de l'immigration devient ainsi le masque de l'incapacité de nos moralistes universitaires et islamophiles à proposer des solutions alternatives3 autres que les inepties d'avocates et de psychanalystes charlatans au lendemain du massacre de la jeune lycéenne Samara : on prône l'empathie...organisons des réunions de contact pour leur apprendre à se parler et à se respecter... développons le sport en banlieue4. Empêcher surtout de penser au fond du problème.

La violence comme facteur « généraliste » est en effet corrélée systématiquement aux ados français enfants d'ouvriers arabes des générations précédentes mais ne peut être liée en soi à l'immigration5. C'est de violences au pluriel qu'il faudrait parler : violence criminelle, violence policière, violence institutionnelle, violence psychologique, etc. La violence n'est ni la même ni du même type selon les circonstances ; de plus elle n'est pas en soi négative s'il s'agit de se défendre. Cet aspect plurifactoriel n'est jamais pris en compte et permet de nous abreuver des constats généralistes sur « la violence de notre société » et de nous noyer dans les considérations socio-illogiques de toutes les variétés de crétins psys et des journalistes accrédités et superficiels.

L'astuce du brouillage politique idéologique réside dans la disproportion des comparaisons avec le nombre ou la quantité, quand la quantité n'est pas la qualité ni une référence incontestable. Prenons nos chercheurs de l'ACADEMIA. Ils consacrent des tonnes d'articles à démontrer que la criminalité est moindre chez les immigrés, ce qui est factuellement certainement vrai globalement, mais ce globalement n'élimine pas cette criminalité avec ses spécificités que ces intellectuels américains ne se risquent pas à évoquer. L'immigré, quel qu'il soit, est un dieu socratique. De même tous les statisticiens islamo-gauchistes en France vont démontreront, et avec des chiffres fiables, que l'immigration n'est pas aussi massive que le proclament les médias « racistes ». C'est un peu vrai mais faux principalement dans les grandes villes où la concentration immigrée et la délinquance sont plus élevées qu'ailleurs (même si des villages sont de plus en plus concernés)6. Concentration équivaut aussi à ghettoïsation.

Le nombre n'est pas le problème mais la concentration si, concentration au centre ville ou l'étranger est plus visible qu'avant, il est noir, où sa seule source de revenu se trouve en banlieue, quand une partie seulement viendra servir sans garantie de titularisation les boulots de merde dans la restauration, dans le bâtiment, etc. Ce que devraient dire nos enquêteurs pro-immigration c'est que la délinquance exponentielle et les viols dans ces conditions sont NORMALES et donc évidemment plus fréquentes de la part de ces populations en vadrouille pour une meilleure vie. Le nombre se retourne aussi contre les professionnels de la morale anti-raciste : comment expliquent-ils qu'à la prison de Fresnes on trouve une majorité de noirs et d'arabes ? Et d'OQTF ?

Le patronat et le gouvernement n'ont pas pour but de doter l'étranger de la trilogie sociale plus importante que la républicaine : « un travail, un logement et une femme ». Restez entassés dans les caves la nuit et masturbez vous si vous êtes des obsédés du sexe.

En revanche pour les autochtones intelligents qui ont compris cela mieux que les journalistes superficiels ou les merdes islamo-gauchistes, la délinquance immigrée où le fait d'être mineur n'entraîne aucune sérieuse correction judiciaire, N'EST PAS NORMALE ; et pas normale, parce qu'elle serait minoritaire où un « fixation raciste » mais parce qu'elle S'AJOUTE ET REJOINT la criminalité française ! Pas besoin de statistiques pour comprendre cela, ni de chercher à excuser systématiquement des exactions d'immigrés.

On voit donc ici que l'argument du nombre de l'élite intellectuelle pour minorer ou éliminer de la réflexion les fais divers incluant des criminels immigrés, obéit non à un quelconque internationalisme irénique, mais, pire que le racisme plouc, est une perverse négation d'une réalité subie, même par les immigrés intégrés, et surtout une infantilisation des pauvres autochtones, c'est à dire surtout de la classe ouvrière. Les voitures brûlées, pas par les migrants en général (mais l'étanchéité n'existe pas dans la misère), ce sont celles des ouvriers sans garage personnel ni quartier « protégé », la majorité des gamines violées et des femmes massacrées par leur conjoint sont les humains de la classe d'en bas. La bourgeoisie avec ses donneurs de leçon antiraciste et pro-immigration et pro-islam se conduit comme Depardieu, la main au cul pour les soubrettes et le baise main pour les culs de luxe. Mitou pour les bourgeoises, dégoût pour les sans-grades et même les migrantes et les voilées.

RIMBAUD DOIT SE RETOURNER DANS SA TOMBE : la spécificité de la violence est-elle jeune, immigrée... du fait des « patrouilles islamiques », d'une radicalité islamiste

Sans lien direct avec l'immigration, qui existe par un canal7, et ses problèmes, la série de violences aux portes des lycées en France, en premier lieu avec le tabassage de la jeune lycéenne de 14 ans Samara – au lycée Rimbaud – a soulevé autant d'émotions que d'interprétations confuses. Pas nécessaire de revenir sur toutes les péripéties de ce traquenard tragique, sur lequel les médias ont largement glosé sans répondre au pourquoi. Rapidement, par suite aux déclarations de la mère, l'explication la plus répandue fût celle fournie par la mère de Samara, une femme d'origine arabe, intelligente et avec du bagout : une conséquence du « joug communautariste » comme le résume la citation en exergue de Fatiha Boudjahlat.

On nota aussi que Macron oblitéra cette interprétation tout comme, dans son communiqué, le parquet de Montpellier n’aborda pas non plus la dimension religieuse évoquée par la mère de la victime, Hassiba Radjoul.  Or peu après cette mère fait pénitence islamique sur le plateau pipole de TPMP pour lire une déclaration affirmant que sa fille était une musulmane pratiquante et rigoureuse et qu'elle s'opposait à toute récupération de l'extrême droite8. Déclaration plus du tout éplorée mais politique. Echange de bons procédés classiques, quand l'extrême droite accuse l'immigration de tous les malheurs, l'Etat et ses gauchistes accusent l'extrême droite de tous les malheurs, et ça tourne en rond comme dans une cour d'école ; plus personne n'est cause de rien sauf avec « c'est toi qui l'a dit, c'est toi qui l'est ». Cette précision de la mère, dictée par un imam quelconque ou l'édile de la circonscription électorale avait deux buts évidents. Le premier de protéger la fille des représailles islamistes, comme pour Mila, et le deuxième d'effacer l'évidente connotation policière islamisante. La religion musulmane n'est pas simplement la deuxième religion en France mais la deuxième police, interne, de l'Etat bourgeois. Elle est surtout instrument de pacification des conflits sociaux et facteur supplétif des syndicats pour diviser les travailleurs ; comme c'est rassurant pour l'ordre social le développement de délégués syndicaux musulmans... Et instrument de démolition de la culture et de l'éducation rationnelle9.

Pour une bonne partie de la jeunesse, pas seulement d'origine étrangère, la France ni la raison n'existent plus. Seule compte la satisfaction immédiate. Les réseaux sociaux et la fixation journalière sur le portable ont généralisé cette aliénation qui supprime toute humanité et fait de la jouissance immédiate le but le plus urgent. De même la persécution n'a jamais été autant répandue et omniprésente que par les temps qui courent et ne se rattrapent pas. Une fois que l'on a dit cela on ne va pas plus loin que le commun des sociologues et des psys.

Le problème demeurera longtemps plurifactoriel10 mais il importe d'en connaître le principal aboutissement. Puisque la police française est notre principal ennemi, il faut se faire justice soi-même. Dans le bon jadis, la police était vue aussi comme ennemie, et tout le monde ne détestait pas la police. Elle n'était qu'un des remparts de l'Etat bourgeois . Aujourd'hui le rejet de la police ou sa contestation ne sont plus politiques mais impressionnistes : elle tue, elle est raciste voire loi des « blancs », il faut les caillasser, tuer les flics à la maison. Ce rejet meurtrier de la police n'est pas islamiste, puisque dans les pays intégralement islamisés les jeunes ont la même haine apolitique, mais il se couvre ici du manteau de l'islam.

Jalousie sur fond de pratique religieuse ?

« Au collège Arthur-Rimbaud à Montpellier, les élèves livrent leur version de l’agression de Samara. Une personne du collège Arthur Rimbaud aurait créé un compte, au pseudonyme «Carbo Mtp» (Mtp étant l’abréviation Montpellier), prétendant être la collégienne Samara. Sur des vidéos que Le Figaro a pu consulter, on peut voir des photos de jeunes filles nues, dont certaines à caractère pornographique, qui représenteraient, selon les dires de Rachel, des adolescentes de l'établissement. S'ajoute à ces photos, un autre cliché en particulier, qui serait à l'origine du lynchage de Samara.

Sur le compte, est ainsi postée une photo de la principale agresseuse présumée de Samara, Myriam*, sans son voile islamique, et avec une mention de son pseudonyme sur Snapchat. Or, cette adolescente, très pratiquante et portant toujours habituellement son voile, ne pouvait qu’être heurtée par la divulgation de cette photo. Myriam aurait donc cherché à se venger, sans prendre le temps de s’expliquer avec Samara, rapporte toujours Rachel. Après la diffusion du fameux cliché, un nouveau message anonyme est en effet posté par le compte Carbo Mtp :«Demain devant le collège Arthur Rimbaud bagarre à 17h30». Et le «Demain» est arrivé.

L’histoire pourrait même aller encore plus loin. Pour la majorité des élèves, Myriam serait elle-même derrière ce mystérieux compte Snapchat. Détestant la jeune fille, elle aurait délibérément posté sur le réseau social toutes ces photos, se faisant passer pour sa rivale, afin que Samara reçoive une violente correction. «Je ne sais pas si c'est Myriam derrière le compte… », soupire Rachel de son côté, qui ne sait plus quoi penser. Autour d'elle, des jeunes filles lèvent les yeux au ciel pendant que d'autres détournent le regard. »

Après cette interview le journaliste ajoute une explication tout à fait rationnelle qui se passe de la focalisation sur l'immigration, et du préjugé qui fait des enfants de familles arabes françaises des immigrés éternels. Il pose une vraie question politique, celle de la gestion étatique erratique des territoires qui dépasse les banalités et pleurnicheries abstraites sur la violence en général :

« C'est l'occasion de dire que c'est une folie que de construire des collèges REP ou Rep+ accueillant plus de 800 élèves. C'est économique pour l'État. C'est déshumanisant. C'est pousse-au-crime. De plus, il ne faut plus construire de collèges et de lycées dans ces quartiers ghettoïsés ethniquement et culturellement. C'est la double peine de la double assignation à résidence. On peut tout faire pour tenter de rendre étanche et hermétique la clôture du collège, c'est la règle du quartier qui s'impose sitôt la grille dépassée »11.

Complices de cette déshumanisation les merdes islamo-gauchistes qui se portent au secours de la décomposition sociale (du marais LFI à la secte NPA) pour l'essentiel : encadrer les banlieues et ramener les ouvriers d'origine immigrée vers les urnes. La même tactique inconscient et dangereuse dont se gaussait Louis Janover, après les circonvolutions de Bensaïd concernant le soutien critique à l'URSS effondrée et le rejet du terme communiste par Krivine :

« le pouvoir n'est plus au bout de la kalachnikov vietnamienne : que ne prend-il pas pour nouveau symbole le bulletin de vote. Le pouvoir est au fond des urnes et il ne mauque pas d'éboueurs gauchistes pour l'y aller pécher »12.

Les islamogauchistes complices de la régression religieuse

(La présumée et essentialisée islamophobie bouc-émissaire  de la bien pensance de la gauche bourgeoise et petite bourgeoise déjantée)

Le soutien ininterrompu des queuistes de l'idéologie bourgeoise anglo-saxonne. Subtilité des bourgeoisies les plus avancées en manipulation, le maire de Londres, les premiers ministres d'Angleterre et d'Ecosse sont de confession musulmane, et le dernier ne s'est pas gêné pour appeler à la prière, alors même que les musulmans sont très minoritaires en Ecosse.

Comme la suppression stupide du mot race dans la constitution française, c'est le bréviaire anti-raciste qui sert de vade-mecum à la plupart des bourgeoisies européennes, un coup on met une femme, un coup un musulman, un autre coup un homosexuel. C'est la fin des classes par la libération par le partage au sommet du pouvoir (et l'échangisme, sic!) et l'exposition ostentatoire des catégories, plus sociologiques que sociales ou politiques.

Merci en tout cas aux LFI et NPA pour leur absence de soutien à leurs collègues profs et aux proviseurs persécutés, menacés alors qu'ils font leur boulot contre une morale islamiste rampante, celui-là pas de couverture en surface mais de propagation prosélyte ?, et de débilité profonde13. Merci aussi à la lâche hiérarchie de l'Eduque naze humiliant  le principal du Collège Jean-Bertin dans la banlieue d'Auxerre, après que le directeur Département de l'Éducation nationale l'a sommé de s'excuser auprès de deux militantes voilées, à qui ce dernier avait demandé de retirer leur voile puisqu'elles intervenaient dans un forum organisé par le collège. En renfort de ce « pas de vague raciste et haineuse » LFI a accusé le proviseur de racisme et d'islamophobie.

Les variétés de néotrotskiens font semblant d'ignorer mais n'ignorent pas le problème du prosélytisme islamique, comme hier ils n'ignoraient pas les crimes de Staline mais les soutenaienr mordicus face à la « droite gaulliste fasciste ». Même, et surtout en tant que petite secte agitée du bonnet, ils ne sont jamais étrangers au cynisme et aux mensonges électoraux des grands partis bourgeois.

LES FAKE NEWS DE L'ISLAMO-GAUCHISME DE LA CLIQUE A BESANCENOT

Le lycée d'un autre artiste, plus musicien que Rimbaud va nous fournir la plus comique illustration que cette défense des « révoltées musulmanes » car comme dans les années 1960 tout ce qui bougeait était révolutionnaire.

« Lycée Ravel : islamophobie et politique sécuritaire, nous ne sommes pas dupes ! ». Ainsi titrée la prise de position du BP caché du NPA commence par un mensonge :

« L’affaire d’islamophobie au lycée Ravel ne cesse de prendre de l’ampleur. Le 28 février, un chef d’établissement interpelle violemment une élève de BTS pour lui demander de retirer son sous-hijab, qu’elle enfilait afin de se rhabiller à la sortie du lycée. Alors que la jeune femme doit prendre un moment pour retirer le nœud du bonnet, celui-ci s’en prend violemment à elle au point que des élèves devraient s’interposer pour interrompre le proviseur. Le proviseur a ensuite démissionné, alléguant des menaces qui pèseraient sur sa sécurité. Des menaces bien entendu condamnables ».

FAUX La plainte déposée pour violences n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail a été classée pour « infraction insuffisamment caractérisée », a précisé le parquet. Parallèlement, une enquête pour cyberharcèlement à la suite de menaces de mort sur Internet visant le proviseur en lien avec cette altercation a été ouverte.

« Le geste du chef d’établissement est d’abord celui d’un personnel de l’Éducation nationale pour qui les dispositions islamophobes de l’institution scolaire ont paru justifier la violence sur une élève. La légitimation d’une forme d’intolérance à la visibilité de l’islam, par des dispositifs légaux, n’a pas seulement pour effet d’opprimer les mulsumanEs mais aussi d’encourager la violence islamophobe. Nous affirmons notre soutien à l’élève concernée, ainsi qu’à tous les élèves mulsumanEs qui subissent l’islamophobie d’État entérinée par la loi de 2004 ».

FAUX Des « dispositions islamophobes de l’institution scolaire » çà n'existe que dans la tête de demeurés « Le proviseur avait « rappelé (le 28 février) à trois élèves leur obligation de retirer leur voile » islamique dans l’enceinte de l’établissement afin de respecter la loi y interdisant les signes religieux ostentatoires, avait indiqué le parquet lors de l’annonce de l’ouverture de l’enquête début mars. « L’une d’elles, majeure et scolarisée en BTS », avait « ignoré le proviseur, ce qui a provoqué une altercation », avait-il ajouté. Des menaces de mort à l’encontre de ce proviseur avaient ensuite été proférées sur internet. L’élève de BTS avait dit au Parisien avoir été « tapée violemment au bras » par le proviseur ». Un jeune homme de 26 ans, originaire des Hauts-de-Seine (et de l'islam, NDLR), a été arrêté et doit être jugé le 23 avril à Paris pour avoir menacé de mort le proviseur sur internet ».

L'Etat se ridiculise en annonçant porter plainte pour « dénonciation calomnieuse », ce qui est du vent dont les agresseurs mineurs et inconscients se foutent royalement. Cela rappelle ce pauvre Hollande défié par la môme Léonarda.

Autre soutien islamo-gauchiste confirmé, qui s'adresse surtout comme le NPA à des mômes de quinze ans, manipulables à souhait et totalement immature politiquement, l'inénarrable Bondy Blog. Un « blocus » s'est tenu devant le lycée en soutien à la « lycéenne frappée »

« En soutien à la lycéenne, un blocus s’est tenu devant le lycée Maurice Ravel, vendredi 1ᵉʳ mars. Sur les grilles de l’établissement, une banderole annonce : « Élève frappée, lycée bloqué ! » Les cours ont tous été annulés pour la journée. Le proviseur l’a agressée verbalement et physiquement dans la cour de l’établissement alors qu’elle s’apprêtait à sortir du lycée ». FAUX : elle rentrait. Plus croustillant, et à la hauteur de sa représentation sociale : L’étudiante conteste la version médiatique qui en ressort ! Emoi : le dirlo est arrivé tellement vite, de manière agressive : Il m’a frappée tout de suite. Je trouve ça très grave, je ne comprends pas comment un proviseur aussi violent peut encore exercer. Il n’avait pas à faire ça. »

Le compte-rendu du Bondy Blog, sous un air neutre, en rajoute : « Un de ses camarades de BTS dit s’être interposé. Il affirme avoir vu le proviseur porter « un violent coup » au niveau des épaules de la jeune fille, qu’il l’aurait ensuite secouée en lui criant dessus. « Le coup, il était parti, tout le monde l’a vu et on était tous choqués. Il était 15 heures, il y avait du monde à l’heure de la récréation. » Le jeune homme martèle : « Il l’a littéralement tapée ».Dès mercredi, sur les réseaux, il est question d’une « gifle » portée par le proviseur sur la jeune fille. Une version démentie depuis ».

Revenons aux mômeries du NPA, qui témoigne de «  réactions outrées parmi les populations visées par l’islamophobie d’État « et d’atmosphère » au quotidien », « Le parallèle qui est réactivé dans les médias avec l’assassinat de Samuel Paty est intolérable car il représente une instrumentalisation de sa mort pour silencier la dénonciation de l’islamophobie ». En revanche on n'a pas beaucoup entendu trotskiens et mélanchoniens s'indigner de la décapitation, c'était le fait d'un pauvre immigré révolté...(...) Une fois encore, les musulmanEs, même victimes d’oppression, sont somméEs de se solidariser avec leurs agresseurs.

Tous les proviseurs sont des salopards avec « mission islamophobe, argument très percutant pour des mômes de 10 à 15 ans : « Depuis le début du mois de mars, l’escalade islamophobe est insoutenable : le soutien de la classe politique, du PS à l’extrême-droite, au chef d’établissement manifeste l’aggravation de la cécité islamophobe dans notre pays. La ministre de l’Éducation, Nicole Belloubet, y ajoute la mise en place de « d'une force mobile scolaire » pour « soutenir » les chefs d’établissement dans leur mission islamophobe ».

« Nous dénonçons la réaction sécuritaire et raciste du gouvernement Attal et nous nous opposons à cette transformation de l’Éducation nationale en institution idéologique dont la priorité selon le gouvernement est l’application de lois islamophobes. Nous affirmons notre soutien aux élèves discriminéEs, aux enseignantEs et personnels d’éducation qui luttent pour une société libre d’oppressions et s’opposent à la mise au pas raciste du service public ». Ces crétins font semblant aussi d'ignorer une nouveauté (sans doute liée à mitou) les filles tabassent désormais comme les garçons, et attendent le soutien du NPA14Montreuil, le 3 avril 2024

Le PCF est moins infantile, plus prudent , n'avance pas de telles conneries mais zigzague pour éviter les foudres du curés islamophiles de LFI et du NPA, sans oublier le marais écologique en décomposition et affaires de mœurs. Rien de mieux que de se défiler et botter en touche vers les "fachos" qui sont quand même plus lucides :

« Sans surprise, les sphères de droite et d’extrême droite n’ont pas tardé à instrumentaliser l’affaire. « C’est une défaite de l’État sur la gangrène islamiste qui prospère », avance Marion Maréchal, candidate du parti zemmouriste Reconquête aux élections européennes« La démission du proviseur de l’établissement Maurice Ravel est une victoire de l’islamisme et une défaite de la laïcité », écrit sur X (ex-Twitter) Olivier Henno, sénateur UDI du Nord. « C’est une victoire de l’islamisme et de la peur qu’il inspire », affirme Étienne Gernelle, directeur du Point« S’il fallait un symbole de cette France qui chaque jour oubli ce qu’elle fut : le départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel illustre l’effondrement d’un pays qui tourne le dos à son histoire, à sa culture, à ses valeurs », clame quant à lui Pascal Praud dans son édito sur CNews, développant encore une fois la rhétorique fétiche de l’extrême droite du grand remplacement ».

Libération toujours ambigu et poisseux a en partie raison :

« Les règlements de compte, les embrouilles et les rixes ont besoin d’une réelle politique publique. Marwan Mohammed disait cette phrase dans Libération : «Le discours politique visant à déresponsabiliser l’Etat ou la société en criminalisant les jeunes et en accusant les familles témoigne d’une volonté de s’extraire de l’explication sociologique et de renvoyer ça sur l’individu.» « Les médias aussi. Nous avons notre part de responsabilité. En novembre, Thomas, un gamin de 16 ans, est mort à Crépol dans la Drôme. Il a reçu un coup de couteau au thorax à la fin d’un bal. Un drame qui était sur toutes les ondes, télés et journaux. De nombreux incendiaires ont tenté de mettre face à face deux jeunesses du pays pour alimenter leur fameuse «guerre de civilisations». Des clics, des clashs et des voix à gagner sur le dos des gamins. Chaque gamin qui meurt doit être un événement en laissant de côté ses fantasmes. Personne ne doit s’y habituer ou regarder ailleurs. Comment faire pour que ça s’arrête ? Comment on raconte le pire ? Chacun à sa place doit se poser la question. Shamseddine est mort. Il avait 15 ans ».

Les juges, semble-t-il en majorité islamo-gauchistes ne voient pas cela du même œil. Pour eux, une vie humaine ne veut pas grand chose. Ils le démontrent chaque jour, avec dans ces affaires des peines clémentes aussitôt transformées en peines symboliques. Sans un net alourdissement des peines prononcées, nous ne viendrons jamais à bout de cette violence hélas entretenue par les magistrats et l’impunité garantie par leur justice.Ces jeunes devraient tous prendre 20 ans pour tentative (réussie) de meurtre avec l’intention de tuer: on ne tape pas dans la tête sans avoir l’intention de tuer. Mais encore une fois, les magistrats voient les choses autrement: ce n’est pas volontaire.. ils sont mineurs (et?).. leurs parents sont défaillants et ils n’ont pas voulu tuer juste tabasser donc cela va finir par un rappel à la loi et si vraiment le juge est très dur une peine de TIG …avec sursis.

 La seule chose qu’on aura gagné dans cette agitation médiatique impulsive temporaire, et secondaire par rapport à la guerre mondiale en cours, pour solutionner immigration massive, islamofolie et instinct de meurtre infantile, c’est la cellule psy gratuite, comme si les victimes des délires islamiques c’étaient les alliés de la propagande de crimmigration et les bourreaux d'honnêtes croyants rendant justice comme Saint Louis (qui crucifiait les juifs) chaudement bénis par les inquisiteurs islamo-gauchistes qui laissent faire.

Quant aux meurtres ou tentatives de meurtre pour le "code d'honneur", même si les médias tentent d'en masquer l'origine, ils sont l'oeuvre des grands frères turcs ou algériens musulmans; on a le souvenir où des frères turcs ont été jusqu'à  tuer la soeur "déviante du code familial et de la religion". Quant à la persécution et ses conséquences rien de nouveau. Cela a toujours existé  même chez les enfants. Persécuter c'est vouloir tuer l'autre à petit feu voire carrément. On peut comprendre aussi des exceptions, lorsque le persécuté tue à son tour subitement et carrément. On focalise sur les derniers cas d'ados déjantés, mais chaque année un bien plus grand nombre d'adultes deviennent criminels par vengeance.

NOTES


1Le projet CRIMMIGRATION, financé par l'UE, a été lancé en 2011 pour analyser l'impact que l'accent croissant sur le contrôle de l'immigration a sur des institutions de la justice pénale comme la police, les prisons et les centres de détention. Par exemple, la priorité accordée à la sanction et à la réintégration des contrevenants est-elle remplacée progressivement par des actions de diversion, d'immobilisation et de déportation? «L'apparition de nouvelles formes de sanctions et de logiques de contrôle social peut être qualifiée de contrôle de la 'crimmigration'», explique Katja Franko, coordinatrice du projet à l'université d'Oslo, en Norvège. «Durant le projet, nous avons constaté l'importance croissante de la déportation, notamment dans certains pays comme la Norvège, et le recours de plus en plus fréquent au droit pénal pour contrôler les frontières.» Mme Franko est convaincue que de nouvelles réponses juridiques, organisationnelles et normatives sont nécessaires pour faire face à ce phénomène récent: «Il faut améliorer la sensibilisation aux aspects punitifs des mesures de contrôle de la migration, tels que la détention et la déportation, et apporter une aide juridique et de droit procédural aux populations concernées. Nous avons aussi besoin de nouveaux modes de réflexion pour déterminer qui est soumis aux droits et à la protection des pays d'Europe ».

2"Immigration and crime and the criminalization of immigration" by Anthony Robles . Cf. le site ACADEMIASan Francisco

3Soit on déplore : de solution il n'y en a pas, soit, ce qui ne mange pas de pain : c'est la faute au capitalisme, faut attendre qu'il s'écroule !

4Un courageux et dévoué ancien voyou des cités a fait l'amère expérience de l'empathie sociologique, il est dans le coma : À Villepinte, l’histoire tragique d’un éducateur qui voulait «faire rempart à tous les trafics» (lefigaro.fr)

5Quoique...pour gagner leur vie certains se joignent aux revendeurs de came La semaine dernière, des scènes de violence ont éclaté aux Moulins, sur la place principale des Amaryllis. Des tensions liées, à en croire plusieurs habitants, à la présence et à l’agressivité répétée d’étrangers en situation irrégulière. Le parquet et la préfecture avaient souligné des différends en ce sens, sur fond néanmoins de rivalités autour du trafic de drogue. Une agression sexuelle sur une infirmière - aucune plainte n’a encore été déposée en ce sens - aurait été l’élément déclencheur d’affrontements avec des armes. Cette affaire de viol en réunion, en date de février, n’aurait néanmoins pas un lien direct avec les récentes tensions ». Que du vague...« Les suspects auraient pris au piège la jeune femme au troisième étage de la résidence avant de la violer. La plainte déposée par la victime a permis aux enquêteurs de retrouver les individus. Deux mineurs de 16 et 17 ans ont fini par être interpellés par les forces de l’ordre dans ce quartier. Selon cette même source, ils seraient de nationalité tunisienne et en situation irrégulière. Une troisième personne serait encore recherchée ». Consternant la mafia nigériane: Viols, proxénétisme, rites vaudous... Un gang nigérian ultraviolent implanté à Marseille devant la justice (lefigaro.fr)

Et aussi le massacre de cet autre adolescent, lié au régime de surveillance des soeurs par les "frères": Viry-Châtillon : quatre personnes mises en examen pour assassinat après la mort de Shamseddine, passé à tabac (lefigaro.fr) Cela fait beaucoup en un court laps de temps! Accélération? Routine inacceptable où filles et adolescents de toute origine sont les constantes victimes, à Marseille et partout ailleurs !

6Ils sont concernés grâce à l'Etat qui saupoudre en particuliers de familles noires le territoire, de la même manière que la municipalité « social-bobo » de Paris refoule en province les migrants trop nombreux à Paris et qui font tâche pour es JO. Si cette déportation démocratique servait à faire disparaître le racisme on le saurait.

7Ce canal c'est l'islam. La plupart des migrants du sud arrivent islamisés avec parfois leur imam. Dans les années 1960 les immigrés ouvriers portugais montaient en France avec leur curé, mais l'aliénation religieuse n'avait pas le même poids et leur croyance pouvait se dissoudre dans la lutte des classes.

8«Ma fille est pratiquante et pieuse» : la mère de Samara dénonce l'instrumentalisation de l'agression de sa fille par l'extrême droite

9Une professeure, agrégée de français qui faisait défiler des diapositives, entendit sa classe de seconde hurler au scandale du fait de la présence du baiser à l'hôtel de ville de Doineau ! Dans une autre classe la présentation de toiles du 18ème siècle avec lupanar de grosses mémères qui inspiraient curieusement les peintres d'époque entraîna une plainte des parents musulmans pour lubricité. Les deux profs ne furent pas égorgées. L'expansion de l'islam  est devenu un danger pour l'intégrité de la classe ouvrière; en Angleterre Une large majorité des sondés (63%) souhaite aussi l’implantation de salles de prières dans les lieux non-religieux, comme dans les entreprises ou les écoles.

1035% des immigrés en France (personnes nées étrangères à l’étranger) vivent en effet dans un logement social contre 11% des Français non-immigrés, souligne le rapport d'un ancien préfet, ce chiffre s’explique notamment par les critères actuels qui favorisent la réception d’un dossier. «L’algorithme [...] tend à privilégier une catégorie particulière de la population - comme les familles monoparentales avec de nombreux enfants - assez éloignée de la famille française traditionnelle». Aggravé par la logique des «grands ensembles» et de concentration dans certains quartiers, ce trust des logements sociaux par les populations immigrées conduit à un phénomène d’«appropriation communautaire». L’ancien inspecteur de l’administration alerte en conséquence sur «une sorte d'autonomie d'ensembles urbains qui comptent parfois plus de 10.000 habitants et qui finissent par échapper à la règle commune»

12Page 177 de mon histoire du trotskisme en France : Les trotskiens (1968-2002) Les éditions du pavé 2002

13Contestation de l'étude de la civilisation moderne

14Quatre jeunes filles seront jugées « pour vol avec violences en réunion », après l’agression filmée, mercredi, d’une adolescente de 14 ans à la « suite [d’]un guet-apens » à Tours, a annoncé, vendredi 5 avril, la procureure de la République dans un communiqué diffusé sur X.

jeudi 28 mars 2024

LA THÉORIE DE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT DE MARX REVISITÉE


LA THÉORIE DE LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT DE MARX REVISITÉE

par Mehmet Tabak

traduction : Jean-Pierre Laffitte


« Si nous ne sommes pas à la hauteur, d'autres nous remplaceront »

Marc Chiric

Voici un texte pertinent, fin et lumineux sur la vraie notion de dictature du prolétariat et les conditions de la transition du capitalisme au communisme. Et quel oxygène dans ce moment de préparation à la guerre mondiale, de triomphe de tous les obscurantismes religieux. Je ne connais pas ce professeur ni les individus avec qui il dialogue, mais je n'ai jamais lu de texte aussi intéressant, même dans la littérature maximaliste (CCI seul à défendre le rejet de l'Etat-parti ou néo-stalinienne comme la conception bordiguiènne du parti-Etat) depuis 50 ans. Néanmoins même s'il reste référentiel, l'exemple de la Commune de 1871 reste limité. L'auteur a hélas ignoré les critiques par après de Marx et d'Elysée Reclus : l'expérience est restée limitée à une seule ville et il y a eu aussi une flopée de bureaucrates. Autre faiblesse : où est et que fait le parti là-dedans ? On lit que partis et syndicats ouvriers ne doivent pas être subordonnés à l'Etat transitoire ou à cet organisme hybride (voire vaporeux) à moitié acteur de la gestion de la société ou dépérissant mais rien sur de nouveaux »Conseils ouvriers » (organismes d'expression des masses en période de révolution) ni sur le syndicalisme obsolète. Le texte a finalement une tonalité assez conseilliste, la conscience présumée tombant du ciel. Idéalisme assez typique des profs en chaire et simples observateurs ! Et une ignorance coupable des débats maximalistes de la mal nommée « gauche communiste » des minorités inconnues du public, infimes quarterons restés vraiment marxistes et internationalistes . Cela ne lui ôte pas cependant ses qualités d'analyse indéniables sur le fond du projet communiste encore trop messianique... (JLR)

Source : Science & Society, Vol. 64, No. 3 (automne 2000), pp. 333-356.

Publié par : Guilford Press Stable.


RÉSUMÉ : Pour Marx, la Commune – « forme politique enfin trouvée » de l’émancipation de la classe ouvrière – a été une forme de la dictature du prolétariat qui était fondée sur le gouvernement direct de la classe ouvrière. La dictature se maintient au moyen d’une fonction coercitive (négative) destinée à annihiler l’ordre ancien et d’une fonction positive destinée à mettre en place une société émancipée sur les plans économique, social et politique. Nos contemporains identifient pour la plupart la dictature prolétarienne à sa fonction coercitive. En revanche, cette étude définit la dictature prolétarienne par sa fonction positive, et elle subordonne sa fonction coercitive à sa fonction positive. En outre, comme Marx l’explique, le prolétariat a besoin de « briser » l’État avant de construire son propre ordre politique en tant que condition préalable au dépérissement de la politique. La dictature du prolétariat ne peut pas être un État bureaucratique parce que ce modèle n’est pas compatible avec l’émancipation humaine, et qu’il résiste par nature à son dépérissement. L’émancipation humaine devient possible quand le prolétariat commence à gouverner au moyen d’un pouvoir direct, et qu’il abolit les causes économiques, sociales et politiques – y compris le bureaucratisme – de l’aliénation, de l’exploitation et de la domination.

Introduction

Les écrits dispersés de Marx portant sur l’État contiennent trois séries distinctes de concepts. La série la plus largement connue et discutée analyse l’État capitaliste. L’État capitaliste est globalement vu comme : a) une organisation ayant ses propres intérêts, lesquels ne sont pas réductibles aux intérêts sociaux ; b) une force qui préserve directement ou indirectement les rapports sociaux capitalistes de production ; c) un mécanisme d’aliénation qui sépare la politique de la société, fragmente les classes sociales et donne l’image abstraite d’une relation horizontale d’égalité qui obscurcit la relation hiérarchique, qui, elle, est réelle1.

La seconde série de concepts s’occupe du futur état de l’État dans une société communiste, ou, plus précisément, de la disparition de l’État. L’État, tel qu’il apparaît dans sa forme moderne, disparaît pour deux raisons interdépendantes : a) puisque le communisme est le royaume de la liberté harmonieuse, l’État, qui contient et maintient des relations sociales contradictoires, devient antithétique à cette harmonie et à cette liberté : b) l’État disparaît parce que les forces et les relations structurelles du capitalisme qui le nécessitent disparaissent elles aussi.

Entre les deux séries ci-dessus, il existe – théoriquement, spatialement et temporel-lement – une autre série de concepts désignés sous le terme de dictature du prolétariat, et elle est le sujet de la présente étude. Je soutiens que les écrits de Marx relatif à la Commune de Paris de 1871 sont centraux pour comprendre ce qu’il pensait de cette dictature. Le fait de mettre en relation la Commune et la dictature du prolétariat est largement accepté par les marxistes, mais ce point de vue a également ses opposants. Je vais essayer de rendre cette connexion entre la Commune et la dictature prolétarienne plus solide.

Je vais aussi relever quelques défis critiques à l'égard de la position dominante, laquelle interprète la dictature du prolétariat comme une forme d’État, comme un objet dont la classe ouvrière doit s’emparer. Si la dictature du prolétariat doit être comprise à travers l’expérience de la Commune, nous devons alors mettre en question l’“étatisme” de cette dictature. Est-ce que la Commune a été un État ? Ou bien n’a-t-elle plus été, comme Engels l’a dit, « un État au vrai sens du terme » ? (cité dans Neil Harding, 1981, 90).

Le fait d’affirmer que la dictature prolétarienne ne devrait pas être interprétée comme une forme d’État entraîne d’importantes implications théoriques et pratiques. L’État, dans sa formulation moderne, bureaucratique, ne peut pas émanciper la classe ouvrière. Au contraire, l’État devient préjudiciable à la transition vers le communisme. C’est pour cette raison que le prolétariat a besoin de détruire l’État au cours de la révolution.

L’objectif qui vise à rejeter l’État ne veut pas dire que nous rejetons la politique. Au contraire, c’est seulement en rejetant l’État bureaucratique que nous pouvons parler de l’organisation politique de la classe ouvrière en classe dominante. En conséquence, la destruction de l’État n’entraîne pas la fin de la politique, mais sa revitalisation.

Selon Marx, la fin de la politique se produit avec la disparition graduelle des distinctions et des contradictions de classe : « Lorsque, au cours de l’évolution, les distinctions de classe auront disparu… la puissance publique disparaîtra également » (1974, 59). Puisque l’État est brisé pendant la révolution, ce qui finit par dépérir, c’est le pouvoir politique non bureaucratique du prolétariat.

La « dictature », qui, dans la conception de Marx, est une période de transition, est souvent simplement comprise comme une mesure coercitive dirigée contre la réaction bourgeoise à la révolution. Je soutiendrai que ce n'est pas exactement le cas. La dictature du prolétariat est pour Marx un type de régime « normal » avec ses propres critères, règles, lois, buts, et plans à long terme pour faire passer la société au communisme. Je vais rappeler ces éléments positifs/constructifs de la dictature prolétarienne.

Dans leurs efforts pour justifier la nécessité de la coercition, les marxistes contemporains sous-estiment souvent la relation qui existe entre les éléments positifs et négatifs. L’élément coercitif devient à tort l’élément caractéristique, omniprésent, de la dictature, et il fait cela au détriment de l’élément positif. Au contraire, cet article traite l’élément positif comme étant l’élément principal de la dictature prolétarienne, et il affirme que ni les institutions coercitives, ni leurs fonctions, ne devraient constituer des obstacles à l’élément positif. L’élément coercitif devrait être subordonné à l’élément positif de transformation de la société.

Le régime prolétarien prend l’émancipation du travail au sérieux, en en faisant une partie intégrale de sa constitution. Les émancipations politique, sociale et économique, prises toutes ensemble, constituent le but général, et elles en sont par conséquent l’élément constructif/positif. Toute théorie qui tente de construire un modèle théorique de dictature prolétarienne doit expliquer comment le caractère institutionnel de ce régime politique garantirait ses objectifs généraux. Le fait de construire simplement un modèle coercitif fondé sur le besoin de défendre les gains de la révolution socialiste contre le vieil ordre ne garantit pas que ce nouvel ordre se dirigera nécessairement vers le communisme.

En résumé, je vais : a) montrer que, pour Marx, la Commune a été une forme de dictature prolétarienne ; b) montrer que Marx n’a pas conceptualisé cette dictature comme une forme d’État ; c) examiner la nature et le rôle politiques de la dictature durant la transition du capitalisme au communisme ; et d) déterminer les fonctions politiques de la dictature dans la supervision de la transformation économique menant au communisme. En donnant à la dictature prolétarienne une forme positive, je vais essayer de tenir compte de l’avertissement de Poulantzas selon lequel ces propositions « ne peuvent jamais être autre chose que des notions théoriques-stratégiques appliquées qui serviront, c’est certain, à guider l’action, mais tout au plus à la façon des panneaux de signalisation » (1978, 22).

La Commune et la dictature du prolétariat

Ainsi que Harding le fait remarquer, Engels a été le premier à considérer la Commune comme une dictature du prolétariat : « En 1891, longtemps après la mort de Marx… Engels, dans son “Introduction” à La Guerre civile en France, identifiait la Commune à une, ou à la, forme de la dictature du prolétariat ». Harding soutient « qu’il est très révélateur que Marx lui-même ait évité soigneusement et systématiquement d’identifier la Commune à une forme de dictature du prolétariat » (1981, 90). Il est vrai que Marx n’a jamais désigné la Commune comme étant la « dictature du prolétariat », du moins pas en écrit2 ; mais la description que fait Marx de la Commune n’était-elle pas quelque chose d’identique à sa définition de la dictature du prolétariat ? Harding dit que non parce qu’il n’y a « rien de transitionnel dans la caractérisation de la Commune par Marx », tandis que la dictature du prolétariat exige l’inclusion de « corps séparés de prolétaires armés » en tant que « mesure transitoire ». « Le premier acte » de la Commune « a été l’abolition de l’armée permanente »3, ce qui voulait dire : « La Commune n'était pas une préparation à quelque chose de plus parfait » (ibid.). Harding pense que puisque Marx a défini la dictature du prolétariat comme un phénomène de transition, la Commune n'était pas une forme de cette dictature parce qu'elle n'était pas transitionnelle.

Le fait que Marx pensait que la dictature prolétarienne était une période de transition n'est pas contesté. Dans une lettre à Joseph Weydemeyer, datée du 5 mars 1852, Marx écrivait que « cette dictature elle-même ne représente qu’une transition vers l’abolition de toutes les classes et vers une société sans classes » (1974, 59). Dans La Critique du programme de Gotha, Marx parlait « d’une période de transition politique où l’État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat » (1978, 3). Ces citations montrent que Marx fait invariablement, bien que peu fréquemment, référence à la dictature prolétarienne en tant qu’instrument politique transitionnel.

Contrairement à Harding, je soutiens que Marx considérait également la Commune comme un phénomène de transition. Le fait de démontrer cette volonté aide à établir une affinité plus grande entre la Commune et la dictature prolétarienne. Harding lui-même cite Marx quand celui-ci dit : « la Commune était… la forme politique enfin trouvée par laquelle réaliser l’émancipation économique du travail » (90). Cela signifie que la Commune devait encore réaliser la transition des formes non-émancipées vers son émancipation, du capitalisme vers le communisme. Mais si Harding pense que la Commune elle-même était une forme de gouvernement finale, et par conséquent non-transitionnelle, nous devons lui rappeler que la Commune a été pour Marx « un instrument politique ». L’existence d’un pouvoir politique implique nécessairement l’existence d’une période de transition (1974, 59). Aussi longtemps que la Commune existait en tant que « forme politique », elle représentait nécessairement un phénomène transitionnel pour Marx. La fin des institutions politiques ne peut se produire qu’avec l’abolition des « distinctions de classe ». La Commune n’avait pas réalisé une telle condition.

Harding présente une objection supplémentaire : « La Commune devait refléter et promouvoir la décentralisation la plus poussée, tandis que la dictature du prolétariat devait, à la fois dans les domaines politique et économique, faire pression en faveur du centralisme le plus déterminé » (90, 186). L’une des justifications de Harding pour conclure cela est le passage suivant tiré du Manifeste communiste : le prolétariat doit « centraliser tous les instruments de production entre les mains de l’État » (Marx et Engels, 1985, 104). Et donc l’argument, c’est que la dictature du prolétariat exige la centralisation tandis que la Commune promeut « la décentralisation la plus poussée ».

Quand, dans le Manifeste communiste, Marx prescrivait la centralisation de « tous les instruments de production entre les mains de l’État », il avait à l’esprit un appareil du type de celui de la Commune, bien que la mécanique de cet appareil ou encore la forme qu’il prendrait ne soient devenues claires pour Marx qu’avec l’expérience de la Commune. Si nous continuons la lecture de cette section du Manifeste, nous voyons approximativement une page plus loin que l’État dans les mains duquel « tous les instruments de production » doivent être centralisés n’est rien d’autre que « une association dans laquelle le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ». Par conséquent, pas plus tard qu’en 1848, ce que Marx entendait par centralisation possédait un registre hautement démocratique qui n’était guère différent du ton de sa caractérisation de la Commune de 1871. Ce point est encore renforcé par le fait que Marx affirme que la révolution permettrait au prolétariat de gagner la « bataille de la démocratie » (104).

La Commune par opposition à l’État

Certains des théoriciens qui acceptent la position selon laquelle la Commune représentait une forme de dictature prolétarienne pour Marx conceptualisent cette dictature comme une forme-État. Pour Lénine, John Hoffman et John Ehrenberg, pour n’en citer que trois, la dictature du prolétariat apparaît comme un État centralisé, une chose que la Commune n’était pas. Ceci est très fallacieux, en particulier étant donné que l’État, tel que nous le connaissons aujourd'hui, est un appareil centralisé et bureaucratique.

La démarche de John Hoffman sur cette question est particulièrement utile. Très précisément, Hoffman conteste la supposition de Harding selon laquelle il existe une contradiction entre l’approche de Marx relative à la dictature prolétarienne dans le Manifeste communiste et celle qu’il fait dans La Guerre civile en France. Hoffman écrit : « Comme dans le Manifeste, si la production sociale doit être concentrée dans l'unité de la nation, il faut accéder à la centralisation politique. C’est évident, étant donné que “les sociétés coopératives unies” doivent réguler la production nationale sur un plan commun ; il s'agit d'une centralisation qui s'exprime à travers l'autonomie locale et “l'autogouvernement des producteurs”... ». Cette description est tout à fait similaire à la façon dont Marx a abordé la Commune dans La Guerre civile en France (Hoffman, 1986, 171).

Hoffman traite la Commune et la dictature prolétarienne comme étant « l’organe général de la domination de classe [du prolétariat] » (173). Ainsi que nous le verrons plus bas, ceci est en principe exact. Mais Hoffman pense ce système politique comme une forme-État, bien qu’elle soit quelque chose qui « cesse d’exister » (172).

Ehrenberg, comme Hoffman, prétend que, dans l’opinion de Marx, la Commune a cherché à établir « un État national ”démocratique centralisé” » (1992, 92). Pour soutenir cette opinion, il cite le passage suivant de Marx : « Les fonctions, peu nombreuses, mais importantes qui restaient encore à un gouvernement central ne devaient pas être supprimés ». Mais cela ne signifie pas que l’État centralisé lui-même est préservé. Comme Ehrenberg le reconnaît aussi, Marx explique que ces « fonctions » devaient « être organisées par la constitution communale, et elles devaient devenir une réalité grâce à la destruction du pouvoir d’État » (cité par Ehrenberg, 92 ; soulignement ajouté). Pourtant, vers la fin de son ouvrage : La dictature du prolétariat, l’argument d’Ehrenberg prend une tonalité étatiste plus forte que le passage ci-dessus ne le suggère. Suivant Engels et Lénine, et non pas Marx, il remplace « la destruction du pouvoir d’État » par « l’État n'est pas aboli, il dispa-raît progressivement » (183).

L’approche étatiste de la dictature prolétarienne, défendue par Ehrenberg et par Hoffman, peut mener à des conséquences théoriques et pratiques non désirées. Hoffman par exemple soutient que la forme-Commune et le stalinisme sont tous deux des déclinaisons de la dictature du prolétariat parce que dans les deux cas « le prolétariat est organisé en classe dominante » (198). À mon avis, Hoffman peut accepter à la fois la Commune et le stalinisme – l’étatisme suprême – comme des formes possibles de la dictature parce qu’il ne suit pas ce qu’il propose lui-même : « Ce qui est important, ce n’est pas la situation idéale, mais le mouvement réel de la société socialiste, la direction dans laquelle elle se déplace et dans quelle mesure elle est marquée par les tâches de naissance de la vieille société » (203-4). Puisque cette direction mène au royaume de la liberté, la tâche de la théorie est de trouver des solutions pratiques au cours de la période de transition. Plutôt que d’accepter le stalinisme et la forme-État comme des formes possibles de gouvernement prolétarien, nous devons nous demander : comment un modèle bureaucratique-étatique pourrait contrôler non pas n’importe quelle sorte de transition politique, économique et sociale, mais celles qui peuvent nous conduire à une société sans classes ?

Les analyses fournies par Hoffman et par les léninistes s’appuient principalement sur le besoin d’éliminer « les marques de naissance de la vieille société ». Comme la plupart des théories impliquent l’élément coercitif/négatif de la dictature (18-21), il y a très peu de discussions sur son élément positif. C’est ainsi qu’Hoffman conclut : « reconnaître la nécessité est la seule façon de la transformer : le consentement doit répondre à la coercition afin de la “nier” » (210). Ce qui ressort de ces discussions, c’est une justification solide pour toutes les formes de coercition, pour autant qu’elles soient dirigées contre l’ordre bourgeois.

La dictature prolétarienne doit contenir des éléments coercitifs, mais non pas des éléments du genre de ceux qui détournent du progrès vers le socialisme pour dériver vers l’administration bureaucratique. La nécessité de réprimer la contre-révolution au moyen du pouvoir de classe organisé ne justifie pas l’État bureaucratique/stalinien, car ces formes sont théoriquement et structurellement incompatibles avec la construction du communisme.

Marx à propos de la Commune

Assimiler la Commune – et la dictature prolétarienne – à l’État ne pourrait pas être plus éloigné de la pensée de Marx. Pour lui, la Commune se démarquait complètement « de ce dernier triomphe qu’était l’État séparé et indépendant de la société ». Il était entièrement opposé à l’État en tant que « le pouvoir gouvernemental centralisé et organisé qui, par usurpation, était le maître de la société  au lieu d’en être le serviteur » (1970, 167).

Dans la Première version de La Guerre civile en France, Marx nous rappelle que « l’appareil d’État centralisé qui, avec ses organes militaires, bureaucratiques, cléricaux et judicaires, omniprésents et compliqués […] fut d’abord forgé au temps de la monarchie absolue », dans le but de l’utiliser comme « une arme de la société moderne naissante dans sa lutte pour s’émanciper du féodalisme » (162). La Révolution française de 1789, écrit Marx, a développé « ce que la monarchie absolue avait commencé – la centralisation et l’organisation du pouvoir d’État ». L’État moderne, qui a été établi avec la Révolution, a été « contraint de développer » son propre processus de centralisation parce que, « avec sa tâche de fonder l’unité nationale – de créer une nation – il a dû briser toutes les autonomies locales, territoriales, urbaines et provinciales » (163).

Avec ce que l’État a établi lors de la première Révolution française, « chaque intérêt commun engendré par les relations des groupes sociaux a été détaché de la société elle-même, fixé et rendu indépendant d’elle, et opposé à elle au titre de l’intérêt supérieur de l’État, dont la défense est confiée à des prêtres de l’État remplissant des fonctions hiérarchiques bien déterminées ». Ce qui a été entamé par la première Révolution française a atteint son plein développement « sous l’influence du premier Bonaparte ». La Restauration et la Monarchie de Juillet « ne lui ont rien ajouté, si ce n’est une plus grande division du travail, croissant au fur et à mesure que la division du travail au sein de la société civile créait de nouveaux groupes d’intérêts, et par conséquent un nouveau matériel pour l’administration d’État » (ibidem).

Comme nous le voyons, Marx pensait que l’État français était une force autonome, un outil de modernisation et un instrument d’unification nationale, et il ne peut pas être réduit au rôle d’un gouvernement de classe, ainsi que ses critiques le soutiennent souvent. C’est seulement sous la Restauration et sous le Monarchie de juillet que, affirme Marx, l’État devient réellement « un instrument de domination forcée de classe de la classe moyenne… ». Pendant ce temps, « le pouvoir gouvernemental… est devenu si indépendant de la société elle-même qu’un aventurier grotesque et médiocre, avec une bande affamée de despérados derrière lui, a suffi pour l’exercer » (164). Inutile de le dire, Marx parle de Napoléon III4.

Marx écrit que l’État, sous l’influence de Napoléon, « n’apparaît plus comme un instrument de domination de classe ». Au lieu de cela, l’État, durant le Second Empire, a donné une leçon d’humilité, « sous son influence, même aux intérêts des classes dominantes », et en faisant cela, « il a reçu sa dernière et suprême expression lors du Second Empire » (165). Le moins que l’on puisse dire, c’est que Marx reconnaît que l’État bureaucratique peut devenir indépendant et se situer au-dessus de la société civile.

Comment la Commune se situe-t-elle dans tout cela ? Comme nous l'avons vu, l'État sous le Second Empire représentait « la dernière et suprême expression » du pouvoir d'État, c'est-à-dire « l'exécutif centralisé ». La Commune a été réalisée en tant que « l’antithèse directe de l’Empire » (ibidem). Marx affirme que toutes les révolutions et les réactions antérieures à la Commune ont entraîné l’oppression de la classe ouvrière parce que l’appareil d’État, un instrument d’oppression, ne faisait que changer de mains, en passant « d’une partie de ses oppresseurs aux autres ». Ce qui a fait que la Commune a été différente dans son caractère, c’était le fait qu’elle a été « une révolution dirigée non pas contre telle ou telle forme de pouvoir d’État, qu’il soit légitime, constitutionnel, républicain ou impérial », mais « qu’elle a été une révolution dirigée contre l’État lui-même… » (166).

La révolution prolétarienne « brise » par conséquent la machine d’État avant d’établir sa propre dictature parce que « la machine d’État centralisée… enserre le corps vivant de la société civile comme un boa constricteur… » (162). Le fameux passage de La Guerre civile en France qui affirme que « la classe ouvrière ne peut pas se contenter de s’emparer de la machine de l’État toute prête et de faire fonctionner ses organes omniprésents de l’armée permanente, de la police, de la bureaucratie et de l’organisation judiciaire, pour son propre compte » (1978, 629), devrait être interprété en relation avec la déclaration anti-État faite ci-dessus par Marx. À la suite de Lénine, beaucoup de marxistes interprètent mal ce passage et ils pensent que Marx attend de la classe ouvrière qu’elle construise son propre État, en tant qu’opposé à l’État de la bourgeoisie, et ils fournissent ainsi, au nom du marxisme, une justification aux États du type soviétique.

Marx n’appelait pas à la formation d’un État prolétarien, mais à l’abolition pure et simple de l’État. Et cela parce que l’État, qui est « l’instrument politique » de l’asservissement des travailleurs, « ne peut pas servir d’instrument politique de leur émancipation » (1970, 228). Ce qui peut servir à leur émancipation, c’est le système politique communal qui est « la réabsorption du pouvoir de l’État par la société en tant que ses propres forces vivantes et non pas en tant que des forces qui le contrôlent et le soumettent… » (168).

Le seul ajout que Marx et Engels ont fait au Manifeste est venu après 1871, et c’était l’adjonction au passage cité plus haut selon laquelle le prolétariat « ne peut pas se contenter de s’emparer de la machine de l’État toute prête ». Cela ne veut pas dire que le point de vue de Marx sur la dictature prolétarienne et sur l’État n’avait changé qu’après l’expérience de la Commune. Marx a gardé le même point de vue qu’il avait déjà en 1852 quand il a écrit Le Dix-huit Brumaire. Après l’expérience de la Commune, Marx, qui était heureux de voir l’une de ses prophéties se réaliser, a écrit ce qui suit à Kugelmann : « Dans le dernier chapitre de mon Dix-huit brumaire, je remarque, comme tu le verras si tu le relis, que la prochaine tentative de la révolution en France devra consister non plus à faire passer la machine bureaucratique et militaire dans d’autres mains… mais à la détruire » (1933, 126, souligné dans l’original). Ceci reflète le fait que, dès 1852, il était en faveur de la destruction de l’État centralisé. Et Marx n’a jamais abandonné cette idée-là dans la dernière partie de sa vie. Dans La critique du programme de Gotha, écrit en 1875, Marx fait écho à son antiétatisme antérieur : « La liberté consiste à transformer l'État, organisme qui est mis au-dessus de la société, en un organisme entièrement subordonné à elle… » (1978, 537).


Laisser dépérir l’État ou le briser ?

Les passages ci-dessus montrent que, du moins dans la propre perspective de Marx, la version étatiste de la dictature prolétarienne ne peut pas être soutenue. Une question demeure cependant sans réponse : si l’État est brisé, qu’est-ce qui dépérit ? Ainsi que David McLellan l’affirme, Marx n’a jamais utilisé l’expression « dépérir (absterben) », préférant plutôt « le terme plus direct d’“abolir” (abschaffen) » (1981, 31, n° 59). C’est Engels qui a introduit ce concept. Quoi qu’il en soit, je crois que le dépérissement a une certaine tonalité dans la théorie de Marx, mais pas dans le sens où on l’entend habituellement.

Puisque la dictature du prolétariat commence avec la destruction de l’État bureau-cratique centralisé, ce qui dépérit par conséquent, c’est la dictature prolétarienne elle-même. Cette dictature dure tant que « les fondations économiques des classes ne sont pas détruites » (Marx, 1978, 547). Cela signifie que l’État est brisé durant la révolution socialiste, mais que les « fondations » économiques de l’économie durent encore jusqu’à leur destruction future, ce qui, comme nous le verrons, est un processus graduel de longue durée.

Pour Marx, tout compte fait, il y a deux raisons principales pour lesquelles l’État bureaucratique doit être aboli avant que le processus de dépérissement puisse avoir lieu : a) le bureaucratisme n’est pas compatible avec l’émancipation humaine complète, en particulier pour la raison que la bureaucratisation requiert l’atomisation et la dépolitisation de la classe ouvrière ; b) la bureaucratie peut devenir une force sociale et politique autonome, et résister au dépérissement.

Lénine affirmait en 1917 que « le socialisme ne se créera pas avec des ordres venus d’en haut. Il est étranger à l’automatisme officiel et bureaucratique. Le socialisme vivant, créateur, est l’œuvre des masses populaires elles-mêmes ». C’est là le Lénine avec lequel nous sommes d’accord, et non pas celui qui, en 1919, déclarait que « c’est justement dans l’intérêt du socialisme que les masses obéissent sans réserve à la volonté unique des dirigeants du travail » (cité dans Mett, 1967, 5). C’est ce message dans cette dernière déclaration qui en est venu à représenter injustement la théorie marxiste de la dictature prolétarienne, en tant qu’un État centralisé et bureaucratique.

L’État bureaucratique, ainsi que Paul Thomas le fait remarquer à juste titre, « exclut sans ménagement l’action commune volontaire » ainsi que « l’autonomie qui se développerait dans les domaines sociaux et économiques » (1994, xv- xvi). En faisant cela, comme Marx le dit, l’État bureaucratique se libère « sans que l’homme soit lui-même vraiment libéré » (1978, 32). Ses intérêts corporatifs et sa structure hiérarchique permettent à la bureaucratie d’exister et de fonctionner indépendamment de la société. L’État bureaucratique représente l’émancipation humaine uniquement dans un sens abstrait, mais il laisse l’inégalité sociale intacte. L’État bureaucratique, qui peut être efficace dans la réalisation des objectifs négatifs de la dictature prolétarienne, montre qu’il est institutionnellement inapte à réaliser les objectifs positifs de cette dictature, à savoir l’émancipation humaine.

Pour Marx, l’émancipation humaine ne peut devenir complète que lorsque « l’homme aura reconnu et organisé ses forces propres(*) comme forces sociales et ne séparera donc plus de lui la force sociale sous la forme de la force politique » (46). L’État bureaucratique perpétue la séparation entre le social et le politique. La dictature du prolétariat doit œuvrer à l’encontre de cette séparation, ainsi que la Commune l’a fait. Comme Paul Thomas l’observe, « la caractéristique la plus positive de la Commune, selon Marx, a été précisément qu’elle a dés-institutionnalisé le pouvoir politique, et, ce faisant, elle a re-politisé la société » (Thomas, 1994, 93).

Pour Marx, l’État bureaucratique aliène parce qu’il est « l’intermédiaire entre l’homme et la liberté humaine. De même que le Christ est l’intermédiaire que l’homme charge de toute sa divinité, de toute sa limitation religieuse, l’État est l’intermédiaire que l’homme charge de toute sa non-divinité et de toute sa limitation humaine » (1978, 32). La bureaucratie, elle aussi, aliène parce qu’elle crée « l’antithèse entre l’activité mentale et physique » (531). Et par conséquent, l’émancipation humaine complète, qui est le but de la dictature prolétarienne, ne peut pas se produire dans un régime bureaucratique.

La seconde raison pour laquelle la dictature du prolétariat ne peut pas être bureaucratique a davantage à voir avec la bureaucratie elle-même qu’avec sa relation aliénante avec la société. Une fois qu’elle est établie, la bureaucratie d’État peut devenir un groupe d’intérêt dont les membres jouissent de privilèges économiques et de privilèges liés au pouvoir. En tant que telle, la bureaucratie non seulement résiste au dépérissement, mais elle fait aussi tout ce qui est en son pouvoir pour se consolider5. En outre, la bureaucratie peut exister en tant que caste parasite dans n’importe quelle forme de système économique, et, une fois qu’elle existe, elle tend à créer des raisons et des appuis pour sa propre existence. C’est pour cette raison-là que d’abolir les fondations économiques du capitalisme n’entraîne pas nécessairement la disparition de la bureaucratie.

En réalité, c’est longtemps avant Weber et Michels, que Marx a été conscient que les bureaucrates, peu importe leur origine sociale, pouvaient devenir des dirigeants qui gouvernent en fonction de leurs intérêts personnels, en tant qu’individus ou en tant que personnes morales6. Ceci est explicitement affirmé dans ses écrits, comme c’est le cas bien connu dans Le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte. Dans un ouvrage antérieur, Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, Marx dit explicitement que la bureaucratie d’État « se constitue en puissance réelle et devient son propre contenu matériel ». En tant que telle, « la bureaucratie se considère comme le but ultime de l’État » (1978, 23-25).

Contrairement à Marx, Lénine a toujours maintenu que l’État s’appuie nécessairement sur une seule classe socio-économique. Par conséquent, avec la destruction de la bourgeoisie, il avait soutenu que l’État dépérirait « de lui-même » (1985, 73). Cette erreur théorique lui a permis de défendre la transformation des soviets (communes) « en organisations étatiques » (1981, 38). Cette politique a marqué le triomphe de la bureaucratie, étant donné que les organisations de la classe ouvrière ont été subordonnées au bureaucratisme.

En 1921, alors que le soulèvement anti-bureaucratique du soviet de Cronstadt, qui avait pris la Commune de Paris pour modèle, était écrasé par les troupes bolcheviques, Lénine était en train d’interdire « toute opposition » lors du X° Congrès du Parti. C’est de manière ironique qu’au cours de ce même Congrès, Lénine déclarait que son programme « formule la tâche de combattre les maux de la bureaucratie… ». La solution proposée par Lénine consistait à promouvoir « des ouvriers de la base » à des positions bureaucratiques, sans abolir les structures bureaucratiques (1978, 201).

La proposition de Lénine ratait l’aspect crucial de la dictature prolétarienne. En supposant que la promotion d’ouvriers à des positions bureaucratiques éliminerait « les maux de la bureaucratie », il a dû supposer que les ouvriers, en tant qu’individus, sont intrinsè-quement non-bureaucratiques. Berteli Oilman pense que c’était également l’opinion de Marx : « Marx pensait que les gens faisant partie d’un gouvernement n’ont pas d’intérêts importants qui entrent en conflit avec ceux de la classe dont ils sont issus. En conséquence, les dirigeants élus de la dictature prolétarienne voudront représenter les travailleurs ». Penser que les ouvriers figurant dans le gouvernement deviendraient corrompus est « un rêve insensé et impossible. Marx affirme en effet : “Les ouvriers ne sont pas comme ça”, ou bien, pour être plus précis, ils ne seront pas comme ça quand ils viendront au pouvoir” » (1979, 61).

Bakounine, qui pensait que c’était également le point de vue de Marx, mettait en garde : « Aussitôt que d’anciens ouvriers deviennent des représentants ou des dirigeants du peuple, ils cessent d’être des ouvriers… Et, du haut de l’État, ils baissent les yeux sur tous les travailleurs ordinaires ; ils représenteront dès lors non pas le peuple, mais eux-mêmes et leurs prétentions à gouverner le peuple » (dans Marx and Engels, 1978, 546). Bakounine avait raison, et l’histoire soviétique le démontre. Cependant, à mon avis, Marx a été mal compris dans cette question.

À ce que dit Bakounine, Marx répond : « Pas plus qu’un propriétaire d’usine cesse d’être un capitaliste de nos jours parce qu’il est devenu un membre du conseil municipal » (1979, 61). Dans ce lien que fait Marx, sa réponse à Bakounine signifie que les membres élus de la dictature prolétarienne ne deviennent pas des fonctionnaires spécialisés, mais qu’ils servent dans le gouvernement en tant qu’ouvriers. Même ceux qui deviennent des “serviteurs” rémunérés de la classe ouvrière, au cas où leurs services à plein temps ou leurs compétences sont nécessaires, sont des employés de la dictature du prolétariat. Le point important, c’est que le pouvoir réel dans le gouvernement communal s’appuie sur les organisations de la classe ouvrière qui sont à la fois un corps législatif et exécutif. C'est la conception structurelle de la dictature prolétarienne, et non pas la nature bienveillante des travailleurs, qui empêcherait les fonctionnaires élus ou rémunérés de devenir des dirigeants corrompus.

L’État, en tant qu’habitus de la bureaucratie, et la bureaucratie, en tant que contenu matériel de l’État, entrent dans une relation mutuelle d’auto-réalisation et de préservation. Et par conséquent, l’État bureaucratique est intrinsèquement antithétique avec son dépéris-sement. D’autre part, la tâche de la dictature prolétarienne est de constituer le prolétariat en un pouvoir réel et en son contenu matériel. En tant que tel, le prolétariat devient le « but ultime » de la dictature prolétarienne. Cependant, il existe une différence fondamentale entre la bureaucratie et le prolétariat, ce qui explique la raison pour laquelle l’État bureaucratique ne dépérirait pas alors que la dictature prolétarienne le ferait.

Tandis que l’auto-réalisation de la bureaucratie constitue sa propre préservation, l’auto-réalisation du prolétariat constitue sa propre destruction. La bureaucratie est sa propre fin. Le prolétariat est sa propre négation, étant donné que la classe ouvrière politiquement dominante ne peut pas préserver son propre assujettissement. C’est pour cette raison que la bureaucratie ne peut pas laisser dépérir l’appareil politique – sa source de vie –, alors que le prolétariat le doit. Et donc, afin d’éviter le dilemme bureaucratique de l’auto-préservation, la dictature du prolétariat est à la fois un non-État et anti-bureaucratique.

Reste une question importante à laquelle il faut répondre : si ce n’est pas l’État, quelle autre forme politique devrait prendre la dictature prolétarienne ?

La Commune et la politique de transition

L’expérience de la Commune a fourni à Marx le matériel empirique lui permettant de développer des mesures en vue de la dictature prolétarienne. Ces mesures sont compatibles avec son appareil théorique d’ensemble et avec les remarques dispersées qu’il a faites à propos de la transition au communisme. Pour essayer de formuler la forme positive de la dictature prolétarienne, je vais compléter ce qu’il a écrit sur la Commune avec ses autres écrits.

Le terme de “dictature” est fallacieux. Hal Draper nous dit que « … au milieu du dix-neuvième siècle, le terme ancien de “dictature” signifiait encore ce qu’il avait signifié pendant des siècles, et, dans cette signification, il n’était pas synonyme de despotisme, de tyrannie, d’absolutisme ou d’autocratie, et par-dessus tout il n’était pas opposé à démocratie » (1987, 110). Et Marx, lui non plus, n’a jamais pensé que la dictature prolétarienne était antithétique à la démocratie (26). Telle est la première contribution de Draper.

La seconde contribution de Draper, c’est son affirmation selon laquelle « … Marx pense la dictature de classe… en termes de nature de classe du pouvoir politique, plutôt qu’en termes de formes gouvernementales particulières » (32). Cela revient à suggérer que la dictature du prolétariat exprime le « contenu de classe » du régime socialiste. Dans ce sens, elle peut prendre une variété de « formes gouvernementales » (45-6). De nombreux marxistes – Draper prétend que c’est le cas de presque tous, sauf de Rosa Luxemburg – pensaient à tort que la dictature prolétarienne était une forme particulière de gouvernement qui était seulement conçue en vue de l’objectif d’écraser l’opposition. Lénine est la parfaite illustration de ce malentendu. « Le terme scientifique de “dictature” signifie ni plus ni moins qu’une autorité qui n’est entravée par aucune loi, qui est absolument non restreinte par aucune loi, quelle qu’elle soit, et qui est fondée directement sur la force » (cité dans Draper, 90). Draper répond : « Au contraire, son fonctionnement signifie qu’elle établit ses propres lois, règles, références et autorités, nouvelles et réorientées quant la classe, de nouvelles institutions soumises à ses propres lois » (91).

Les explications de Draper, même si elles sont utiles, laissent les choses dans un état trop indéterminé. Ainsi que Norberto Bobbio le dit fort judicieusement : « Dans l’expression marxiste de “dictature du prolétariat”, le terme de “dictature” n’a pas de signification particulière d’évaluation : puisque tous les États sont des dictatures, dans le sens de la domination d’une classe, le terme fait en grande partie référence à un état de choses et il n’a pas de signification essentiellement descriptive » (1989, 166). Il en est ainsi du terme de “dictature”, et non pas, c’est ce que je soutiens, du terme de “dictature du prolétariat” qui ne demande aucune expression institutionnelle particulière. L’amalgame des deux, que fait Draper, le conduit à conclure que Marx « n’a rien dit sur les formes qui pourraient être trouvées pour équiper l’État ouvrier. Même là où Marx exprimait des points de vue sur ce que ces formes pourraient être, ce n'est pas le terme de “dictature du prolétariat” qui transmettait ces points de vue » (127, 131). Si, comme Draper le reconnaît, la Commune de Paris a été une forme de dictature prolétarienne (31), alors Marx avait dit beaucoup plus que “rien” sur les formes appropriées de gouvernement destinées à “équiper” le régime socialiste. Rassemblons ce que Marx a écrit sur la question dans La Guerre civile en France et ailleurs.

Ainsi que nous l’avons dit à maintes reprises, la dictature du prolétariat prend une forme non-étatique, communale. Le fait d’être un système politique communal entraîne ce qui suit :


« La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière. La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d'être l'instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l'administration. Depuis les membres de la Commune jusqu'au bas de l'échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d'ouvrier … Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables… Les fonctions, peu nombreuses, mais importantes, qui restaient encore à un gouvernement central … devaient être assurées par des fonctionnaires de la Commune, autrement dit strictement responsables » (Marx, 1970, 233).

Le corps législatif et exécutif est constitué de communes dominées par la classe ouvrière, dont les lois et les règlements sont représentés et appliqués par des employés élus ou embauchés, qui n'ont aucun pouvoir réel sur les citoyens. Ce ne sont plus des bureaucrates !

L’objection centraliste selon laquelle les fonctions générales de la société deviendraient impossibles en l’absence d’un État centralisé est une « absurdité » pour Marx. Il affirme que ce ne sont pas les fonctions, « mais les fonctionnaires… (qui) s’élèvent au-dessus de la société réelle » qui auront à disparaître (233). L’expérience de la Commune a suffi à Marx pour critiquer la « mystification » selon laquelle « l’administration et le gouvernement politique seraient des mystères, des fonctions transcendantes destinées à être confiées seulement aux mains d’une caste exercée de parasites d’État, de sycophantes grassement payés et de prébendiers » (169).

« La première condition pour maintenir le pouvoir politique est de transformer la machine en fonction et de la détruire » (170). Mais la lutte pour la pleine émancipation n’est pas terminée avec la destruction de l’État centralisé, parce que, pour Marx, la Commune était seulement « la forme politique de l’émancipation sociale ». Ceci signifie que la Commune n’était pas « le mouvement social de la classe ouvrière et par conséquent une régénération générale de l’humanité, mais un moyen organisé d’action ». Par conséquent, la Commune « n’a pas supprimé la lutte des classes ». Ce sont les classes laborieuses qui « aspirent à l’abolition de toutes les classes » (171). La distinction qui est faite ici nécessite l’existence d’organisations de la classe ouvrière, comme les syndicats, les associations et les partis. En d’autres termes, les organisations de la classe ouvrière ne doivent pas être transformées en organisations contrôlées par l’État, ainsi que Lénine le proposait, mais plutôt en composantes du régime prolétarien.

Le rôle de la dictature du prolétariat dans l’émancipation humaine est de préparer « le terrain rationnel où la lutte de classe peut passer par ses différentes phases de la manière la plus organique et la plus humaine » (171). La Commune « commence l’émancipation du travail – son grand but – en balayant l’État avec l’œuvre improductive et malfaisante des parasites d’État… » (171-2).

Les instruments de coercition et de défense que la dictature prolétarienne emploie doivent être, eux aussi, d’un type approprié. À la Proclamation du Comité Central du 22 mars, qui déclarait la création d’une milice « qui défend les citoyens », Marx ajoutait que « seul le peuple devait organiser cette milice au niveau national ». À nouveau, ne confondons pas le concept de l’organisation « au niveau national » avec le fait d’avoir un appareil d’État centralisé entre les mains de quelques bureaucrates ou technocrates.

L’organisation de la milice impose la suppression des armées permanentes, « un danger constant d’usurpation du gouvernement par le système de classe » (Marx, 1970, 1969, soulignement ajouté). Il est clair que Marx, craignant « l’usurpation du gouvernement par le système de classe », veut maintenir un pouvoir correctif sous la forme de la milice. La question ici, je crois, n'est pas de définir la forme exacte des moyens coercitifs du système prolétarien, mais d’assurer que le prolétariat contrôle directement ces moyens.

Ici, deux concepts distincts doivent être clarifiés. Premièrement, la dictature du prolétariat comporte des moyens de coercition. Mais le modèle institutionnel de la dictature devait protéger contre l’“usurpation” gouvernementale du pouvoir en maintenant les moyens coercitifs sous le contrôle direct du prolétariat. Marx proposait la forme non-bureaucratique de la milice.

Deuxièmement, la coercition n’est pas la norme. Marx prédit que la Commune, une fois que son organisation sera fermement établie à l’échelle nationale, « pouvait » encore subir des « catastrophes » causées par « les insurrections sporadiques des propriétaires d’esclaves, qui, tandis qu’elles interrompaient pendant un moment le progrès pacifique, n’accélérerait que le mouvement en plaçant l’épée dans les mains de la Révolution sociale » (1970, 172). Dans une situation par ailleurs normale, c'est-à-dire « de progrès pacifique », la dictature prolétarienne devient « dictatoriale » seulement pour « supprimer la résistance bourgeoise à la révolution ». Dans ce sens, l’aspect “dictatorial” de la dictature prolétarienne n’est pas exclu. Mais, comme Rosa Luxemburg le faisait remarquer, l’on ne doit pas faire « de nécessité vertu » et figer dans « un système théorique complet toutes les tactiques imposées » à la révolution par les circonstances de la guerre civile (1970, 79). C'est une chose que de se rendre compte de la nécessité de “l’épée”, mais c’est tout autre chose que d’en faire vertu7.

La transition, économique

Pas un seul ouvrage de Marx ne laisse la question de l’émancipation humaine inaperçue, et aucune théorie de la dictature prolétarienne ne devrait le faire. Ehrenberg saisit judicieusement l’élément le plus important dans la dictature du prolétariat : ce n’est « rien de plus – et rien de moins – que le récit que fait le marxisme de la transition complète de la nécessité aveugle à la liberté consciente » (Ehrenberg, 1992, 191). Il est crucial de reconnaître que la destruction à la fois de la bourgeoisie et de la bureaucratie d’État ne conduit pas mécaniquement à l’émancipation humaine. Depuis ses Manuscrits de 1844 jusqu’au dernier volume du Capital, Marx a toujours maintenu que les processus et l’organisation du travail pouvaient être physiquement et mentalement préjudiciables à la condition humaine et à la liberté humaine. La division du travail, l’attachement à la machine, la séparation de l’activité mentale et physique, l’organisation du travail d’usine, et la domination du travail présent par celui du passé, c'est-à-dire par le travail accumulé, tout cela contribue à l’aliénation et « l’asservissement » humains. La critique principale que fait Marx à la doctrine coopérativiste de Proudhon, en plus de son caractère apolitique, s’appuyait sur l’assertion de ce dernier selon laquelle le mécanisme et l’organisation du travail pouvaient également jouer un rôle indépendant dans l’asservissement du travail. Dans la mesure où ces inventions sont des inventions du capitalisme, elles peuvent être adoptées par d’autres types de régime, ainsi que les premiers régimes “communistes” l’attestent. Et donc, comme Berteli Oilman l’affirme, « il est clair que la dictature du prolétariat donne la priorité absolue à corriger cette situation ». Le but « de toute action dans ce domaine est, d’abord de rendre le travail supportable, ensuite agréable, et en fin de compte humain » (Oilman, 1979, 62).

Se fondant principalement sur Le manifeste communiste et La critique du programme de Gotha, Oilman rassemble une série cohérente de mesures économiques qui réaliserait graduellement l’émancipation humaine. Voici certaines de ces mesures : a) « raccourcis-sement de la journée de travail » ; b) planification afin de satisfaire « les besoins humains » ; c) accroissement des dépenses sociales, en même temps que d) diminution des dépenses administratives ; et e) salaire égal pour un travail égal (62-66). Mais ces mesures ne sont pas les objectifs finaux de la dictature prolétarienne, puisqu’elles sont également possibles dans le capitalisme. La journée de travail peut être – a été – raccourcie dans le capitalisme. Des États-providence ont été organisés afin de « satisfaire les besoins ». Les dépenses sociales continuent d’augmenter aux États-Unis. La question est que, avec un système de gouvernement prolétarien, ces mesures sont continues et qu’elles ont un point général de référence vers lequel elles doivent progresser, tandis qu’elles apparaissent comme des réponses accidentelles et forcées dans le capitalisme.

Les passages suivants tirés de La critique du programme de Gotha semblent convenir comme points de référence, ou bien comme normes et objectifs généraux pour lesquels la dictature du prolétariat lutte dans le domaine économique. La dictature prolétarienne abolit graduellement « l'asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l'opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ». Elle permet au travail « de devenir non seulement un moyen de vivre, mais aussi le premier besoin vital » ; les forces productives augmentent « avec le développement multiple des individus ». La dictature prolétarienne modifie le but de la production, qui est l’accumulation du capital, afin de satisfaire les besoins sociaux, du fait que « toutes les sources de la richesse collective jailliront avec plus d’abondance, jusqu’à ce que la devise : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins » puisse être mise en œuvre (Marx, 1978, 531).

Marx est encore plus explicite dans le Troisième volume du Capital à propos des éléments requis pour le communisme :

« En fait, le royaume de la liberté commence seulement là où l'on cesse de travailler par nécessité et opportunité imposée de l'extérieur ; il se situe donc, par nature, au-delà de la sphère de production matérielle proprement dite… Avec son développement [celui de l’homme] s'étend également le domaine de la nécessité naturelle, parce que les besoins augmentent ; mais en même temps s'élargissent les forces productives pour les satisfaire. En ce domaine, la seule liberté possible est que l'homme social, les producteurs associés règlent rationnellement leurs échanges avec la nature, qu'ils la contrôlent ensemble au lieu d'être dominés par sa puissance aveugle et qu'ils accomplissent ces échanges en dépensant le minimum de force et dans les conditions les plus dignes, les plus conformes à leur nature humaine. Mais cette activité constituera toujours le royaume de la nécessité. C'est au-delà que commence le développement des forces humaines comme fin en soi, le véritable royaume de la liberté qui ne peut s'épanouir qu'en se fondant sur l'autre royaume, sur l'autre base, celle de la nécessité. La condition essentielle de cet épanouissement est la réduction de la journée de travail. » (Marx, 1966, 820).

Par conséquent, le fait d’orienter le développement technologique vers une augmentation constante de la productivité – afin de satisfaire des besoins croissants – et vers une diminution constante du besoin du travail forcé – afin d’accroître la liberté humaine – devient une partie essentielle de la constitution prolétarienne.

Selon Marx, une fois que les travailleurs s’emparent du pouvoir politique sous la forme de la Commune, « le remplacement des conditions économiques d’esclavage du travail par les conditions du travail libre et associé ne peut être que le travail progressif du temps ». Marx affirme que la transformation économique qui libérera le travail exige « non seulement un changement de distribution, mais une nouvelle organisation de la production » (1970, 172).

Naturellement, Marx sait que « cette œuvre de régénération sera sans cesse ralentie et entravée par la résistance des intérêts traditionnels et les égoïsmes de classe ». Comment la dictature du prolétariat pourrait-elle répondre afin d’empêcher « la résistance des intérêts traditionnels » ? Marx pense que l’actuelle « “action spontanée des lois naturelles du capital et de la propriété foncière” ne peut être remplacée par “l’action spontanée des lois de l’économie sociale du travail libre et associé” qu’à la suite d’un long processus de développement de conditions nouvelles ». Marx voit le triomphe des lois économiques du travail libre et associé se substituant aux lois économiques du capital dans le fait que « les lois économiques de l’esclavage… et du servage » ont été elles aussi remplacées (172-3). Bien que la similarité ne puisse être que dans la forme, mon avis est que Marx a imaginé que la transformation de la société pour aller au communisme devait être similaire à sa transformation pour passer du servage au capitalisme.

Par exemple, l’État français après la Révolution de 1789 a fourni les bases juridiques du développement du capitalisme – en institutionnalisant la propriété privée, en fournissant un marché national unifié, en créant une force travail libre par l’abolition du servage et en déclarant tous les hommes “égaux”, pour ne prendre en compte que quelques aspects. De même que l’État français a procuré la « solution rationnelle » légale grâce à laquelle le système capitaliste a pu se développer plus librement, de même le gouvernement socialiste devra procurer les bases légales en vue du développement libre du socialisme. En résumé, la tâche de la dictature du prolétariat ne consiste pas à créer des moules de socialisme auxquels s’adapterait la société entière, mais de répondre aux changements avec des actes “spontanés” que les développements requièrent, compte tenu du fait que le but général de l’émancipation humaine représente le point de référence de l’action et du jugement.

Comme cela a été mentionné plus haut, la dictature du prolétariat « ne supprime pas les luttes de classe ». En d’autres termes, le gouvernement socialiste, la Commune, n’abolit pas les classes en expropriant la bourgeoisie. Il devient seulement le superviseur de la transformation sociale. De même que « la machine d’État capitaliste et le parlement ne sont pas la vie réelle de classes dominantes… mais les garanties, les formes et les expressions, politiques de l’ancien ordre des choses », de même la Commune devient la garantie politique du nouvel ordre des choses, et non pas le mouvement « d’une régénération générale de l’humanité ». Même si Marx s’attend à ce que la pleine émancipation du travail ne se produira qu’après un long processus de développement et « différentes phases de la lutte de classe », il affirme que « de grandes avancées peuvent être faites immédiatement grâce à la forme communale de l’organisation politique… » (171-3)

Ainsi que la citation ci-dessus le suggère, la dictature du prolétariat établit son économie politique au moyen de « la forme communale d’organisation politique ». Par conséquent, la sphère politique et la sphère économique tombent toutes deux sous la direction directe du prolétariat. Et donc, contrairement au capitalisme, il n’y a pas de séparation structurelle entre les deux domaines de pouvoir. De plus, contrairement aux États communistes bureau-cratiques, les deux sphères, qui sont maintenant fusionnées, sont débureaucratisées dans le régime prolétarien.

Conclusion

En conclusion, la description la plus complète de la dictature du prolétariat que Marx a faite peut être trouvée dans La Guerre civile en France. Pour la première fois, avec la Commune de Paris de 1871, Marx avait quelque chose de concret à étudier. Il a conclu que la dictature du prolétariat est une organisation politique, et non pas « le mouvement général » de l’émancipation de la société. Sa tâche n’est pas d’abolir les classes, mais de « garantir » politiquement la transformation de la société capitaliste en une société sans classes.

Pour Marx, la dictature du prolétariat ne peut être que « l’antithèse » complète de la machine d’État centralisée et autoritaire, dont les États soi-disant “communistes” sont l’illustration. La dictature prolétarienne doit prendre la forme de l’autonomie « du peuple agissant pour lui-même et par lui-même », et non pas l’autonomie grâce « au moyen d’un club oligarchique » (141). Les travailleurs ne peuvent pas « se contenter de s’emparer de la machine de l’État toute prête ». Ils ont besoin de détruire l’État, parce que son existence, en tant qu’instrument d’oppression, n’est pas compatible avec les objectifs de la dictature prolétarienne. Cette incompatibilité découle du fait que le bureaucratisme dépolitise et atomise la société. La bureaucratie peut également devenir un pouvoir social possédant ses propres intérêts, et elle peut usurper le pouvoir politique afin de se préserver à l’encontre des buts du prolétariat. Étant donné que l’accomplissement de soi de la bureaucratie et celui du prolétariat sont deux processus contradictoires – le premier ayant besoin de l’auto-affirmation et le second de l’auto-négation –, la dictature prolétarienne ne peut pas revêtir un caractère bureaucratique.

L’essentiel, c’est que la dictature du prolétariat doit être institutionnellement compatible avec les objectifs généraux du prolétariat. Il ne suffit pas de compter sur des moyens efficaces de coercition pour défendre les gains de la révolution. Les moyens de coercition doivent être subordonnés aux méthodes et aux fonctions positives, constructives, du gouvernement prolétarien, lesquelles sont mues par le but de construire le communisme. Ce fait limite les formes possibles que la dictature du prolétariat peut prendre en se fondant sur des organisations politiques directes et non bureaucratiques de la classe ouvrière. C'est pour les raisons, que cet article a cherché à clarifier, que les dictatures prolétariennes doivent se modeler sur la forme et les principes généraux de la Commune de Paris.

Sur le front économique, le but du régime prolétarien est de transformer la société afin de passer du royaume de la “nécessité” au royaume de la “liberté”. Encore une fois, cette transformation doit avoir lieu grâce aux « lois spontanées » du régime prolétarien. Pour Marx, le royaume de la “liberté” ne consiste pas seulement en la satisfaction des besoins matériels. La capacité des êtres humains à objectiver leur moi intérieur dans le monde extérieur, la capacité à utiliser leur propre conscience pour manipuler le monde matériel, sont également requises. En conséquence, la dictature du prolétariat doit en définitive supprimer les conditions de travail aliénantes. Ceci impliquerait de passer progressivement à une productivité croissante tout en réduisant le besoin de travail humain forcé. Cela exigerait aussi l’établissement de conditions de libre développement des individus dans un environnement non-bureaucratique et non-aliénant. Une chose est certaine : pour Marx, le projet de construire une société communiste implique l’élimination des éléments à la fois capitalistes et bureaucratiques de toutes les sphères de la société.

Je ne suggère pas que ces conditions du XIX° siècle persistent encore aujourd'hui. Cela veut dire en l’occurrence que la Commune n’est peut-être pas suffisante pour nous fournir tout ce dont nous avons besoin pour construire une dictature du prolétariat moderne. L’échec de l’expérience soviétique à produire une dictature prolétarienne – expérience qui est caractérisée par son État bureaucratique et la passivité politique des travailleurs générée par cet État – nous oblige à reconsidérer les vertus de la Commune en tant qu’alternative viable.

Alors que la mondialisation menace l’existence, les droits et les intérêts, des classes laborieuses dans le monde entier, ni les régimes autoritaires, ni les régimes bourgeois-démocratiques, n’ont démontré qu’ils étaient capables de répondre aux besoins des travailleurs. La dictature du prolétariat, comprise correctement, demeure une alternative politique solide à ce qui existe maintenant. Seule cette dictature apparaît comme capable de placer les besoins, la satisfaction et la liberté, humains au-dessus des besoins du capital ainsi que des intérêts particuliers des bureaucraties sans cesse croissantes et de la bourgeoisie.





NOTES

1 Parmi les meilleurs ouvrages relatifs à la théorie marxiste de l’État : Poulantzas, 1978 ; Hoffman, 1984 ; Offe, 1984 ; Oilman, 1993 ; et Thomas, 1994.

2Selon Hal Draper, un journaliste du “New York World” a cité Marx qualifiant la Commune de « dictatur » (Draper, 1987, 31).

3En réalité, comme nous le verrons plus bas, l’abolition de l’armée permanente par la Commune n’a pas signifié le désarmement de la classe ouvrière.

4Il est intéressant de noter que l’État soviétique, un autre État qui est devenu si indépendant et au-dessus de la société, a acquis cette forme complètement sous Staline – un autre « médiocre », comme l’appelait Trotski.

(*)(*) En français dans la citation. (NdT).

5 Voir Michels, 1958, et Weber, 1958, pour davantage de précisions sur ce sujet.

6 La probabilité que la bureaucratie devienne une force autonome augmente lorsque la bourgeoisie est vaincue et que la classe ouvrière est dépolitisée.

7La justification de la terreur par les bolcheviks est souvent tirée d’écrits d’Engels. Dans un article, “De l’autorité”, Engels écrit : « Une révolution est…. l’acte par lequel une partie de la population impose sa volonté à l’autre au moyen de fusils, de baïonnettes et de canons…. ». Après la révolution, « le parti victorieux… doit maintenir son pouvoir par les moyens de la terreur ». (Engels, 1978, 733). Ici, mais pas toujours, « les moyens de la terreur » caractérisent la dictature prolétarienne pour Engels.